La fascination du vide
"Je vous
en prie, accordez-moi une seconde grâce
Je vous en prie, offrez-moi un
second visage
Je suis tombé si bas la première
fois
Quelque part loin de vous
Maintenant, je m’assoie au milieu
de votre chemin."
Nick Drake, Fly
Durant toute sa vie Nick Drake a produit divers albums d'une beauté étrangement
terrifiante et sombre. Avec un peu de recul, ceux-ci ont finalement été
reconnus comme étant des accomplissements suprêmes par la scène britannique de
folk-rock et tous les auteur/compositeurs de la scène rock. Chanteur et
compositeur anglais, il commence sa carrière à la fin des années soixante avant
d’être fauché par la mort en 1974 alors qu’il travaillait sur son quatrième
album. D’ailleurs on n’a jamais bien su s’il s’était suicidé ou s’il était mort
d’une surdose accidentelle de médicaments. Ainsi Nick Drake est devenu un
mythe, quasi intouchable, l’artiste torturé dans toute sa splendeur.
A ce titre, Nick Drake est l’un de
ces artistes maudits que l’on aime adorer aujourd’hui car plein d’une
sensibilité poétique étourdissante. Ainsi il est de bon ton de se prosterner
devant la trilogie que composent « Five Leaves Left », « Bryter Layter » et «
Pink Moon ». Ses trois albums sont des classiques, des vrais, qui auront influencé
les générations suivantes, de prestigieux artistes reconnaissant en lui une
influence majeure (REM, Blur, Paul Weller, Boo Radleys.) Portée par une voix
d’une incroyable fragilité, la mélancolie de chaque chanson distille un étrange
poison et témoigne aussi de l’état de dépression dans lequel Nick s’enfonce peu
à peu. Se rendant de lui-même dans un hôpital psychiatrique, il écrit à un ami
: "Je ne
trouve plus de mots. Je ne ressens
plus rien. Je ne veux pas rire ni pleurer. Je suis paralysé, mort à l’intérieur. »
Voué à la
disparition, au vertige, au souvenir secret de quelques-uns, il reste ce
funambule décrochant la lune, ce doux jeune homme enveloppé dans la tristesse
comme dans un manteau. Son pâle sourire volète comme les anges mystérieux qui
vous demandent de lire sur leurs lèvres ce qu’ils n’ont pas le droit de dire.
Il rêve à mi-voix du haut des remparts de ses songes, la fumée de ses cigarettes
faisant une clairière de brouillard dans laquelle il se cachait. Quelques
voiles se lèvent sur sa vie et l’on apprend qu’il courait presque assez vite
pour rattraper le vent, éminent sportif, qu’il adorait la musique baroque, Bach
surtout, Miles Davis, la musique indienne.
"Pourquoi
m’avez-vous abandonné pendu à une étoile ?
Et quand vous m’avez mis si haut, si haut
Si haut vous m’avez mis
Et pourquoi m’avez-vous abandonné dérivant sur la mer ?
Quand vous m’entendez si clairement vous hélez
Quand vous m’entendez si clairement
Quand vous m’entendez si clairement
Et pourquoi m’avez abandonné pendu à une étoile ?"
A écouter :
A consulter :
- Nature's Son (site non officiel)