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Rough Dreams
29 décembre 2005

Je me demandais...

cn26wk


Que dirais-tu si un jour, si une nuit, un démon se glissait jusque dans ta solitude la plus reculée et te dise : « Cette vie, telle que tu la vis maintenant et que tu l'as vécue, tu devras la vivre encore une fois et d'innombrables fois ; et il n'y aura rien de nouveau en elle si ce n'est que chaque douleur et chaque plaisir, chaque pensée et chaque gémissement, et tout ce qu'il y a d'indiciblement petit et grand dans ta vie, devront revenir pour toi et le tout dans le même ordre et la même succession - cette araignée-là également, et ce clair de lune entre les arbres, et cet instant-ci et moi-même. L'éternel sablier de l'existence ne cesse d'être renversé à nouveau - et toi avec lui ô grain de poussière de la poussière ! »

 

Ne te jetterais-tu pas sur le sol, grinçant des dents et maudissant le démon qui te parlerait de la sorte ? Ou bien te serait-il arrivé de vivre un instant formidable où tu aurais pu lui répondre : « Tu es un Dieu et jamais je n'entendis choses plus divines ! » Si cette pensée exerçait sur toi son empire, elle te transformerait, faisant de toi, tel que tu es, un autre, te broyant peut-être : la question posée à propos de tout et de chaque chose : « Voudrais-tu ceci encore une fois et d'innombrables fois ? » pèserait comme le poids le plus lourd sur ton agir ! Ou bien ne te faudrait-il pas témoigner de bienveillance envers toi-même, et la vie, pour ne désirer plus rien que cette dernière, éternelle confirmation, cette dernière éternelle sanction ?

 

Nietzsche, Le Gai Savoir, livre IV, § 341

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Commentaires
A
C'est un texte qui éveille beaucoup de sentiments contradictoires . Aucune réponse n'est attendue bien sûr. et peut-être aucun mots. si ce n'est ces impressions qui, refoulées d'abord, se réaniment à la fin de la lecture.<br /> Et si ... en effet.<br /> L'être humain a une certaine capacité à se fermer de lui-même des chemins qu'à peine entrouverts il refuse déjà. Si savoir est une douleur, alors il l'accepte, et la renie. La gardant au creux des jours sans fins, où le soleil se lève, où le soleil se couche, où rien ne prévaut jamais que les secondes, longues, lentes, et cinglantes.<br /> <br /> Savoir. Si un jour, de telles paroles m'étaient chuchotées je répondrai sûrement que quoi qu'il en soit, vérité ou mensonge, nos paroles et nos actes écrits ou effacés, quelque part, nulle part, il ne faudra rien de plus qu'un vacillement du monde pour tout chambouler à nouveau. Nous recommençons sans cesse. Avec cette peine de notre condition d'être humain : regarder en arrière, rattacher encire et encore des poids passés au présent. En ayant peur du vide de l'avenir. Celui qui est salvateur de sourires.<br /> <br /> Je ne sais pas si ce que je viens de dire à du sens, mais ce texte m'a heurté. Et ce n'est pas forcément en bien, ni en mal. Mais je tenais à répondre, même si c'est incohérent.
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